mardi 22 février 2011

De la culture à la cyberculture

Le vocable culture est à la fois complexe et lourd de sens. Il est alors bien difficile de tenir sur la culture un discours objectif échappant à stéréotypes et autres catégories préétablies. Toute action humaine est en quelque sorte le fruit d’une culture. Notre façon de percevoir les choses, de penser et d’agir, est fortement influencée par le milieu, la société à laquelle nous appartenons. C’est ainsi que le vocable culture peut être associé à toutes les situations, les peuples, l’action, le domaine couvert ou même la profession. On parle ainsi de culture Diola, de culture journalistique de culture d’entreprise c'est-à-dire « un ensemble de traditions, de structures et de savoir faire qui assure un code de comportement implicite et la cohésion à l’intérieur d’une entreprise ». La culture semble ainsi prendre le sceau ou la marque de fabrique qui identifie toute organisation.
La culture peut être comprise au sens de traits de civilisation lorsqu’elle détermine la façon de voir et de se comporter d’un individu ou d’un peuple fortement inspirée de l’histoire et de la tradition de ce peuple. Elle peut, à ce titre être définie comme « un ensemble de convictions partagées de manière de voir et de faire qui oriente plus ou moins consciemment le comportement d’un individu, d’un groupe » (Larousse 2008).
La culture peut être assimilée à l’art et à l’artisanat c'est-à-dire un ensemble de savoir et de savoir faire. L’art de parler des griots, l’art de tisser, l’art de cuisiner. La mode, à la façon de marcher de s’habiller, de parler…exp la culture Hip Hop, Hippy, Punk, roots, elle est à ce titre une philosophie, l’art d’être…et de se comporter comme les membres de cette communauté. Un trait d’humanité, ce qui fait qu’un membre d’une communauté puisse être reconnu et accepté comme tel.

Au sens folklorique du terme la culture épouse le sens de manifestations et de célébration fêtes, croyances, rites, contes légendes etc.

La culture peut également être perçue comme un ensemble de connaissances « ce qui reste quand on a tout oublié »( Edouard Herriot, homme politique et écrivain français), culture religieuse, culture islamique, culture générale.

Il ressort de toutes ces définitions que la culture est moins déterminée que déterminante, et que le mot recouvre des réalités bien changeantes et diverses selon les époques, s’étendant sur des champs éloignés, découvrant les domaines nouveaux ou se repliant sur des valeurs fondamentales. Nous retiendrons dans le cadre de cette réflexion une conception ethnologique de la culture que nous partageons d’ailleurs avec E. B. Taylor qui avançait en 1871 que « La culture [...] est cet ensemble complexe qui inclut la connaissance, la croyance, l’art, la morale le droit, la coutume et toutes autres capacités et habitudes acquises par l’homme en tant que membre de la société ». Dans cette optique, le champ culturel embrasse pratiquement tout ce qui fait de l’individu un être social.

Cette conception de la culture nous permet de mesurer et d’appréhender ses enjeux réels puisque la culture définit en quelque sorte l’identité de l’individu. Comment s’exprime cette identité humaine dans la société de l’information ? Quel est aujourd’hui le rapport entre l’homme et la technologie, entre l’homme et l’information voir entre l’homme et ses semblables ? C’est bien la, le fondement de la cyberculture d’où l’hypothèse de Claude Baltz « qu’il n’y a pas de société d’information sans cyberculture ». et que « “L’honnête homme” de ce début de XXIe siècle, et les autres, ont assisté de près ou de loin à l’explosion de la communication sous toutes ses formes et en particulier, évidemment, celle de l’Internet. On commence à saisir que se développe sous nos yeux un ensemble inédit de technologies et de connaissances affectant profondément tous les aspects de notre mode de vie, ce dont les représentations culturelles traditionnelles ne suffisent plus à rendre compte. Un ensemble plus vaste est à concevoir. La cyberculture se présente comme un début de réponse. » Pour cet auteur, la cyberculture est un début de réponse à la nécessité d’une nouvelle attitude théorique par rapport à la société d’information, de la part du savant, du politique ou du gestionnaire. La cyberculture désigne aussi, selon Pierre Lévy, l'un de ses principaux théoriciens, un nouveau rapport au savoir, une transformation profonde de la notion même de culture, voire une intelligence collective dont la Wikipédia pourrait justement servir d'exemple.

L’internet constitue pour ainsi dire un terreau fertile où se développent toutes formes d’expression culturelle. Corrélativement, les pratiques et comportements culturels sur internet ont également générer de nouvelles aptitudes et des attitudes, de nouvelles façons de voir le monde, de nouveaux savoirs, un « savoir savoir » (savoir trouver l’info), un savoir faire (savoir réutiliser l’info) et tout simplement une nouvelle culture informationnelle que l’on peut, à juste titre qualifier de cyber-culture. Pour deux raisons à mon avis :
Un, son universalité
Deux, son soubassement technologique réticulaire.
Il est à présent évident que les TIC sont en train de dessiner les contours d’une nouvelle époque dont la principale richesse est le savoir et la connaissance. L’information et les connaissances sont à présent reconnues comme un enjeu mondial au même titre que l’éducation, la santé, l’environnement etc. Aussi, sont apparus des concepts tels que l’économie de l’information, intelligence collective, intelligence économique. Bref, l’information est assimilée à un pouvoir et elle est également un enjeu majeur pour le développement à tel enseigne que l’Organisation des Nations Unies lui consacra, en association avec la société civile et les États, un Sommet mondial sur la société de l’information qui s’est déroulé en deux phases (Genève 2003, Tunis 2005)

Nous invitons alors les lecteurs à lire le texte de Pierre Levy que nous qualifions de fondement théorique de la cyberculture, pour mieux appréhender les enjeux pratiques que nous souhaitons aborder dans ce cours.
Lien du texte : http://www.ub.edu/prometheus21/articulos/obsciberprome/pierreluniversel.pdf

4 commentaires:

  1. Très bon billet avec un argumentaire très bien documenté et les références à Taylor un des maîtres du diffusionnisme culturel.
    Bonne continuation

    RépondreSupprimer
  2. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

    RépondreSupprimer
  3. Merci Louis, je compte vraiment sur vous pour partager et échanger sur la cyberculture.Merci pour les encouragements

    RépondreSupprimer
  4. c'est un dossier trés interessant et merci de partager vos connaissances evec nous.puisse Dieu nous permettre de suivre vos pas

    RépondreSupprimer